Page:NRF 17.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

46 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
et, je le confesse, j'en suis très heureux; j'ai passé très agréablement mon temps.

Kotchkariov. — Mais songe un peu. Comment arriverons-nous à tout faire ? Tu dois, dans une heure, aller te marier à l'église.

Podkolièssine. — Que dis-tu ! Tu es fou ! Me marier aujourd'hui !

Kotchkariov. — Ne m'as-tu pas donné ta parole que quand les autres prétendants seraient débusqués, tu serais prêt à te marier immédiatement ?

Podkolièssine. — Je ne retire pas ma parole, mais que ce ne soit pas immédiatement. Il me faut au moins un mois pour me retourner.

Kotchkariov. — Un mois !

Podkolièssine. — Certainement.

Kotchkariov. — Tu perds la tête, sans doute ?

Podkolièssine. — Il me faut un mois,

Kotchkariov. — Mais, espèce de bûche, j'ai déjà commandé le souper au maître d'hôtel. Ecoute, Ivane Kouzitch, ne t'entête pas, mon chéri : marie-toi immédiatement.

Podkolièssine. — Aie pitié de moi, mon petit. Comment me marier immédiatement ?

Kotchkariov. — Ivane Kouzmitch, je t'en prie. Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le du moins pour moi.

Podkolièssine. — En vérité, je ne puis.

Kotchkariov. — Tu le peux, ami. Tout est possible. Je t'en prie, mon petit, ne fais pas le capricieux.

Podkolièssine. — Par ma foi non ! C'est gênant, comprends-tu, absolument gênant,

Kotchkariov. — Qu'en sais-tu ? Réfléchis ! Tu es un homme de sens ; je ne te dis pas cela pour te flatter, ni parce que tu es chef de division, mais, uniquement, par amour pour toi. Assez résisté, mon vieux. Décide-toi. Regarde la chose en homme raisonnable.

Podkolièssine. — Oui, si c'était possible, je...