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LE SECRET DU POLICHINELLE 65

M. Cantin, et Frédéric cassa deux vitres au cabinet de M. Saintour.

Triomphant dans les combats, Victor n'en était pas moins défait dans son cœur. L'affreux secret de l'amour le torturait. N'osant pas s'informer (son père se plaignait de n'avoir jamais le temps, et comment questionner une mère sur cela ?), il souffrait, sans cesser de mépriser sa souffrance. Quelle tristesse pour le monde, songeait-il, s'il ne vivait que par cette ordure, et quel déshonneur pour Dieu !

Il espionna bassement les bêtes ; avec une sournoiserie ignoble, il observa sa mère, qu'il n'aimait pas beaucoup, sa tante, sa sœur, qu'il chérissait, comme s'il eût pu lire la vérité aux plis de leurs robes.

Mais Crépuscule vint : et d'un seul de ses regards lu- mineux, elle effaça la souillure du monde. Ce lâche a menti, pensa Victor ; et cette fille aussi belle que la Vierge Marie n'est pas née à la manière des chiens. Les enfants purs ont une origine pure.

Dès lors, il fut tranquille ; et ses pauvres yeux, salis par les images qu'on leur avait suggérées, se reposèrent avec confiance sur des formes ennoblies. Crépuscule souriait. Quel péché peut donc commettre une fleur ?

Cette assurance, cette évidence, en apaisant Victor, adoucit sa rancune pour Frédéric. Ce malheureux sortait de la source de boue : il avait révélé la vérité dont il était digne. Qu'il serait généreux, tout en lui taisant son infir- mité, de lui pardonner un outrage involontaire ! Et d'ail- leurs. Crépuscule lisait là au soleil de juin, douce et chaste comme sont les anges : fallait-il continuer, même pour défendre l'honneur de sa beauté, à lui offrir le spectacle de ces batailles répugnantes ?

Victor haïssait également la nonchalance et la dissimu- lation : il résolut, simplicité d'une grande âme, de proposer la paix à son adversaire.

Il le guetta un soir au seuil de sa maison. Frédéric,

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