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Page:NRF 18.djvu/725

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LE CAMARADE INFIDELE 719

entretenir de choses indifférentes ; et la prouesse dont nous venons de nous donner le plaisir, nous ne la renouvelle- rions pas tous les dimanches ! Elle dit bouleversée :

— Mais je ne puis me passer de votre amitié !

— Non, non ! Vous ne me forcerez pas à discuter. Je ne fais pas vœu de ne jamais plus vous revoir. Dans six mois, un an, il se peut que je vous apporte des fleurs ou des fruits confits. J'obéirai, cela va sans dire, au moindre appel de votre part, mais tâchez que ce ne soit pas tout de suite. Maintenant dites-moi où se trouve la chambre d'Antoine.

Elle balbutie :

— Ne me laissez pas seule !

— Mon amie, je ne vous reconnais pas. Nous nous devons de la tenue et même une façon d'allégresse. Ne répondez qu'à la question que je vous pose : où se trouve le petit ?

— Puisque vous l'exigez... je vais vous y conduire. Dans sa terreur d'une scène attendrissante, il réplique

durement :

— Je veux y aller seul. Où est-ce ? Mais elle court à la porte et l'ouvre :

— Antoine ! Antoine !

— Je ne veux pas. Devant vous je ne saurais pas com- ment lui parler.

Elle continue d'appeler :

— Antoine ! Mon petit ! Vite ! Vite !

Il faut que l'accent de la voix lui ait paru bien inac- coutumé pour que l'enfant obéisse avec tant de prompti- tude. On l'entend qui glisse le long de la rampe, en repre- nant élan à chaque palier. Vernois murmure :

— Qu'est-ce que vous avez fait, mon amie !... Antoine s'arrête sur la dernière marche, intimidé par

l'aspect des adultes. Le plus sûr serait de lui dire adieu, comme chaque dimanche, sans rien lui laisser deviner.

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