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NOTES 9 T

Ils ont un air bète et méchant, Qui connaît Monsieur Pavillon.

Ce sont des illettrés ces gens. Ils parlent comme des butors. Et c'est bien triste. Et cependant Monsieur Pavillon n'est pas mort.

J'aimerais encore que ce poète sût garder le ton simple de ces quatre vers :

Sur la table rase Où dort la poussière, Avec mon index Je dessine un cœur,.

Un cœur qui souvent chante faux et qui, j'en suis sûr, saurait dire vrai. Georges gabory

LE ROMAN

LA RANDONNÉE DE SAMBA DIOUF, par Jérôme et Jean Tharaud (Pion).

Lorsque Loti s'éveille en face d'une terre nouvelle, ses prunelles, ses narines, son épiderme vibrent ; l'intelligence s'annihile ou plutôt se disperse, redescend dans les nerfs, vient exalter les récepteurs des sens. Les souffles extérieurs frappent cet homme où bourdonnent sans cesse des musiques secrètes. Des accords se forment au choc, accords inen- tendus, aux bases instinctives, impénétrables à la raison. Un chant s'élève, continu, et sur un orchestre de cordes, semble- t-il, succession de mineurs sans cesse modulants. Quelle oreille a pu oublier son Spahi, ses songeries d'Afrique occidentale ?

Où est l'instinct dans ce Samba Diouf des Tharaud ? Où sont les sens, les résonances imprécises ? Ces Tharaud sont esprit, clarté pure, raison. Des latins, dirait-on, si le mot n'impliquait emphase. Intelligence, général, tout ce qui s'échange d'homme à homme, non le mystère qui repose au tréfond de l'individu, qui jaillit par éclairs incertains, qui s'exprime par des mur- mures, par des rythmes, par des sons complexes et voilés. Les Tharaud sont deux ; ils parlent leurs œuvres avant de les écrire. Ils laissent tomber au fond d'eux-mêmes ce qu'ils ne

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