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Page:NRF 1909 11.djvu/36

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Sy^' LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de villégiature, la messe dominicale était un petit événe- ment comme dans toutes les localités où quelque société se trouve réunie. Devoir religieux et plaisir mondain se confondaient. A la sortie de l'église une foule parée, chapeaux de paille, toilettes claires, se répandait sur la place. Tout le monde se connaissait plus ou moins. On se saluait, on s'abordait, on se groupait, on bavardait. Et les visages respiraient la gaîté, soit que l'on fût heureux de se retrouver, soit que l'on feignît de l'être, soit que l'on éprouvât le besoin de se détendre après l'ennui d'un prêche interminable.

Le brave curé de Saint-Clair se dédommageait en effet, de Juillet à Octobre, du silence où durant le reste de l'année le condamnait la pénurie de fidèles. La population de la commune témoignait d'ailleurs de son indifférence en matière de religion en maintenant à la mairie M. Cournault, marchand de bois aux opinions radicales et qui passait pour franc-maçon. Il se produisait toutefois quelques conversions de façade et de saison, parmi les fournisseurs, eu égard à la clientèle bien pensante qui les faisait vivre.

J'avoue que le vif intérêt que je portais aux choses de ce bas monde m'induisait en maintes distractions pendant l'office. Il arrivait souvent que ma sœur, scandalisée, me pinçât jusqu'au sang afin de me rappeler à la ferveur. Mais comment s'interdire de tourner la tête au passage du frétillant M. Servonnet, souriant à droite et à gauche; du colonel Fumade, roulant des yeux féroces en boule de loto ; de la délicieuse Mme Tuffier-Maze, froufroutante et parfumée, suivie par son ombre de mari, égaré, livide et les jambes molles ^ Comment ne pas inspecter à la

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