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Page:NRF 1909 11.djvu/49

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UNE BELLE VUE 385

Le plus comique, c'était la tête des cousins Becquet. Quoi ! mes parents se permettaient de faire un cadeau, et royal encore ! à ce millionnaire ! Et eux alors ? On les volait.

��XI

��Comme à la suite de quelques journées orageuses, la température s'était rafraîchie, mon père proposa :

— Si ce temps-là continue, nous devrions en profiter pour monter demain à Mauvent.

— Demain ! se récria maman. Mais y penses-tu ? C'est le grand nettoyage ! Nous partons dans quinze jours : il faut que je commence à tout mettre en ordre.

— Tant pis ! J'irai sans toi, avec Marcel. Il faut abso- lument que je voie mon frère Hippolyte. Si la pluie com- mençait, ma visite serait remise à Dieu sait quand !

Innocentes roueries des bonnes âmes ! On savait bien qu'il n'avait pas choisi fortuitement le dernier samedi du mois. Il saisissait un prétexte pour fuir le spectacle abhorré du grand nettoyage, lequel se prolongeait à Longval fort avant dans la journée. En outre, il épargnait à maman le déplaisir d'avoir à l'accompagner, et l'abstention de celle- ci avait une excuse avouable entre eux, aussi bien qu'in- discutable vis-à-vis d'autrui.

En dehors des deux grands dîners que l'on échangeait aux alentours de Pâques et du Jour de l'An, dîners que notre deuil avait suspendus, la famille de mon oncle et la nôtre se voyaient peu, et il y avait à cela une foule de bonnes raisons. Directeur des Grands Ateliers de Con- structions Mécaniques, mon oncle était à Charlemont le

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