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Page:NRF 1909 11.djvu/60

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39^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

semblaient positivement habiter en esprit une autre planète. Mais comme une accalmie se produisait, ils ne laissèrent point toutefois de s'en rendre compte, et nous nous défilâmes, en hâte.

Après le déjeuner, maman déclara :

— Avec un temps pareil, nous n'aurons personne au- jourd'hui.

Et ce serait tant mieux. Sa maison nettoyée à fond, rangée, empaquetée, elle ne tenait pas à ce que l'on vînt, la veille du départ, friper les housses et salir les parquets. Cependant on fit, à tout hasard, une flambée dans le grand salon.

La précaution ne fut pas inutile, car maman se trom- pait dans ses prévisions. M. Servonnet ouvrit le défilé. Toujours net comme un sou neuf, il trouvait le moyen de n'avoir pas une tache de boue.

Il apportait un potin tout chaud. Bien qu'il ne fût pas allé ce matin à Saint-Clair à cause du mauvais temps, il savait, et de source certaine, que M. de Champdieu....

Mon père, distrait peut-être, lui coupa la parole :

— Oui, vous devez souffrir encore plus que nous de l'éloignement de la paroisse. L'été, avec la chaleur, cette montée est éreintante ; pour peu qu'il pleuve, le chemin devient détestable. Nous ne manquons pas ici d'inconvé- nients ; celui-là n'est pas le moindre.

— Je n'y contredis point, fit M. Servonnet. Mais que voulez-vous ? Comme le disait avec raison mon excellent ami Aubineau, on irait loin avant de trouver une propriété qui vaille Longval.

— Mon mari ne connaît pas son bonheur, dit maman, touchée au bon endroit.

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