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Page:NRF 1909 11.djvu/61

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UNE BELLE VUE 397

Survinrent les de Chaberton.

— Comment !... Vous !... Par cette pluie !... Vous êtes trop aimables !...

— Il n'y a pas de pluie qui tienne !... Des amis comme vous !... Votre dernier jour !... Nous eussions été impar- donnables...

Les gracieusetés épuisées, M. de Chaberton lança :

— Eh bien ! Landry, et cet accident ! Je pense que ça a dû vous donner un coup !.., J'en frémis encore ! C'était effarant... quand j'ai vu le break chavirer, le cheval s'abattre, j'ai bien cru que nous aurions à déplorer une catastrophe... C'est miracle que personne n'ait eu la moindre égratignure...

Tout cela, et une mimique de drame pour deux voi- tures qui s'étaient heurtées ! Mais on connaissait M. de Chaberton. Il poursuivit :

— Et les de Champdieu, vous avez vu ? Ils ont été au-dessus de tout. Leur geste vous a eu un de ces chics ? Ah ! pour le tact, le savoir-vivre, la simplicité, il n'y a que ces gens de l'ancienne France !...

Il pérorait, le dos à la cheminée. Et pour la première fois, je remarquai qu'il s'habillait exactement comme le marquis de Champdieu. Même jaquette carrée, même pantalon à damier, même lavallière bleue et, dans l'en- semble, même affectation d'inélégance qui semblait dire : " Nous autres, gentilshommes de vieille roche, nous sommes au-dessus des apparences." Mais M. de Champ- dieu, avec sa stature d'ancien officier de cuirassiers, et M. de Chaberton, bas sur pattes et le cou dans les épaules, donnaient à une mise identique un genre si différent que l'on pouvait fort bien ne point s'apercevoir de la similitude.

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