Page:NRF 1909 11.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

JOURNAL SANS DATES 4I5

Au point de vue littéraire^ il a nui à Saint- Evremond qu'il en fût ainsi. Il écrit avec délicatesse^ souvent avec recherche et manière^ toujours avec esprit ; mais il ne grave rien^ il ne creuse pas^ il n'enfonce pas. La mémoire n emporte aucun de ses traits en le quittant. "

Et plus loin :

    • Nul mieux que lui nest apte à nous faire bien compren-

dre ce qu était Pexquise culture dans les hautes classes de la société et pour quelques esprits d^ élite ^ a cette date heureuse et si vite enfuie^ où. un reste de liberté et même de licence se com- posait déjà avec une régularité non encore excessive. L'arresta- tion de Fouquet nous donne la dernière limite. A partir de la^ le niveau passa et s étendit sur tout^ sur les caractères comme sur les choses. "

N'est-ce pas là du meilleur Sainte-Beuve ?

��En tête du volume un portrait gravé de Saint-Evre- mond... Il faut savoir que Saint-Evremond était gratifié d'une loupe au front, entre les deux sourcils, une sorte de cicer énorme, dont il avait pris gaiement son parti. Quand on tâchait de le rappeler en France : " Les Anglais, répondait-il, se sont habitués à ma loupe ".... Il est vraiment fâcheux que sur ce portrait du Mercure, on ne la voie point ; habitué que j'étais, tout comme les Anglais, à sa loupe, je souffre de ne plus la voir. Or elle était sur la gravure ; mais, m'explique Van Bever, à qui je m'en plains : " elle est tombée au tirage. " Je conseille de la remettre à la fin du volume, en erratum.

André Gide.

�� �