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Page:NRF 1909 11.djvu/80

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��NOTES

��SUR LE TOMBEAU DE CHARLES BORDES.

La Musique et l'Amitié, ces sœurs harmonieuses, viennent de perdre un de leurs plus passionnés amants: Charles Bordes nous a quitté.

Il est mort brusquement, dans la villa d'un ami en face de cette mer Méditerranée qu'il aimait et vers laquelle, fuyant la barbarie des climats du Nord il était allé, depuis quelques années, chercher la lumière et la douceur du soleil.

La dernière lettre, je la recevais huit jours avant sa mort; elle était pleine de projets. LuUy, Palestrina, Gluck, Bach, Rameau, cet hiver il voulait exécuter les œuvres de tous ces maîtres. Il projetait des représentations à Paris, à Marseille, à MontpeUier, créait son théâtre d'application, dressait le programme de vingt concerts ; cela devait occuper l'hiver, puis il ajoutait: " au printemps, j'irai au pays basque, dans la maison que je viens de louer; là nous jouerons des pastorales. Vous viendrez : on s'amusera ! "

Cette lettre avait quelque chose de fiévreux, de précipité, qui m'inquiéta. Je lui répondis en le suppliant de se reposer un peu. Mais il ne pensait qu'à s'amuser et pour lui s'amuser, c'était faire de la musique. C'est en s'amusant, comme il disait toujours, qu'il a réalisé une des œuvres les plus prodigieuses de ce temps.

Dans ces dernières années, l'hémiplégie avait paralysé son bras gauche et il traînait la jambe. Il avait des yeux d'aurore, des yeux clairs, transparents comme une eau de roche. Son front était haut, droit, arrondi. Il était rempli de gaucheries sublimes et de projets merveilleux. Il mettait à servir ces

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