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482 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

l'aidait guère, il exploitait de son mieux sa clientèle de citadins en villégiature. Il venait donc, dès notre arrivée, solliciter une offrande contributive à l'acquisition d'un chemin de croix en simili-marbre. Son rêve, en partie déjà réalisé aux dépens du bon goût, était de meubler sa noire et branlante église romane de tous les spécimens d'art religieux dont les maisons du quartier Saint-Sulpice lui adressaient maints catalogues.

Sa requête formulée, il parla de choses et d'autres et crut devoir faire une nouvelle allusion à mon impatience de ce beau jour que serait le douze d'Août. Mais mon père, ne devinant pas mieux que moi, lui demanda de s'expliquer.

— Eh comment ? Monsieur Landry ! Oubliez-vous la "matinée" de votre bon voisin, monsieur de Chaberton ? Toute notre aimable jeunesse n'y mêlera-t-elle point ses ris et ses jeux ?

— Pardonnez-moi, monsieur le curé, mais je n'y suis pas du tout.

— Ah bah ! Monsieur Davèzieux que j'avais l'avantage de saluer avant-hier a bien voulu me faire part des projets mondains de monsieur de Chaberton... Il venait, si je ne m'abuse, de recevoir une invitation...

— Je ne me soucie point des faits et gestes de Monsieur Davèzieux, interrompit mon père, lequel avait en une seconde passé de l'extrême surprise au plus vif mécon- tentement.

— Oui, je sais, hélas ! Je sais..., fit M. le Curé, qui pour exprimer la désolation fermait ses petits yeux, abais- sait les coins de sa bouche et des deux mains se compri- mait l'estomac. Combien je déplore, ajouta-t-il, ces

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