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SUR LA TERRASSE DE LECTOURE

Quoiqu’on dise qu’il s’en est fallu de rien, il était pourtant dans ses destinées que ce rien n’ait pas eu lieu. Mais je ne doute pas qu’il est bon qu’il y ait eu en France un ferment huguenot, mettant constamment notre catholicisme en éveil, et lui communiquant cette fermeté et cette rigueur dont il a besoin pour maintenir efficacement sa moralité spirituelle. Je n’en veux comme preuve que ce que le catholicisme est devenu chez les deux peuples où son triomphe est exclusif de tout tempérament et de tout contrepoids. Le nôtre est un catholicisme de raison, une politique supérieure des âmes. Et c’est aussi de quoi se recommandait la faction qui devait finir, au seizième siècle, par devenir le parti national, tant notre génie sait réduire et mettre au point de sa finesse tout ce qu’il absorbe de dissident et de discord. On a dit qu’il n’y a que des révolutions religieuses ; je crois au contraire qu’il n’en est que de politiques, ou plutôt que celles-là n’éclatent que pour donner l’impulsion et le prétexte à ce malaise d’un ordre nouveau dont les autres dénoncent le symptôme.

Il me plaît donc que Lectoure ait fait en son temps figure calviniste, et qu’elle ait une dernière fois agité son originalité française avant de se fondre de son plein gré dans le grand concert monarchique inauguré par l’avènement d’Henri IV. Est-ce alors qu’elle édifia sur la ruine de ses bastions la balustrade d’où elle commande avec