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2l8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Sans doute ces Messieurs de l'Académie Goncourt n'auront pas lu " Visages " ; mais pourquoi ils ont donné leur prix à "Ecrit sur de l'eau"... c'est ce que l'auteur se demande sans doute comme nous. A. G.

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��ANDRE LAFON : Poèmes Provinciaux. JEAN DOMINI- QUE : L'Aile mouillée.

Il y a entre les poèmes de M. André Lafon et ceux de M. Francis Jammes une évidente parenté de sujets : même intérêt attendri pour la vie d'une toute petite ville, pour les humbles scènes familiales, et ce qui est plus particulier, pour cet exotisme colonial du temps de Louis-Philippe. Mais là s'arrête la ressemblance. M. Francis Jammes ne cerne point d'un trait ce qu'il faut évoquer. Il peint à la façon d'un Renoir, par irrisations. Le halo de lumière, disons l'auréole, l'intéresse plus que la figure même. Chez M. Lafon c'est plutôt la manière des petits maîtres hollandais. Ses personnages ne sortent point de leurs contours, ni son lyrisme, de ce qu'il prétend décrire :

Sous le pot noir, en pétillant, le sarment brûle ;

C'est le matin, la brume épaissit les carreaux.

La servante, encor vague et dormante, circule,

Préparant le balai, la terrine et le seau :

La vie humble reprend dans la maison, pareille,

Le lait se gonfle et bout ; on entend remuer

Dans les chambres d'en haut, ceux que le jour éveille,

Le bruit lent de la pompe et le cri du gravier

Sous les sabots traînants et, bientôt, sur l'évier,

Fume l'eau qui chauffait pour laver la vaisselle.

Tout par contre est diaprure dans la poésie de Jean Dominique. Nul titre mieux que l'Aile mouillée ne pouvait résumer cette palpitation légère qui fuit, revient, discrète, craintive et secrètement chargée de mélancolie. Poésie cris-

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