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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE


Tu ne savais fouler cette claire prairie
Que d’un pas souverain
Après qui je cherchais l’asphodèle fleurie
Au séjour souterrain.

Le chœur des peupliers à leurs bras qu’environne
Un feston de rameaux,
Comme un temple tressait d’une sainte couronne
Ses portiques jumeaux,

Et dans leur troupe heureuse où le ciel ne respire,
D’aucun souffle agité,
Qu’une âme incorruptible et le tranquille empire
De ta divinité,

J’entendis, sur un nombre égal et prophétique,
Les Muses, à leur tour,
Entre elles alterner l’ambroisien cantique
De l’immortel amour.

Aujourd’hui, m’instruisant de leurs chastes haleines,
Ton sourire vainqueur,
Comme une flèche entrée au plus vif de mes veines,
Me reste dans le cœur.

Ah ! qu’il brûle, ce cœur, ton ouvrage et ta lyre,
De toi tout transpercé,
Et ne se rende plus qu’à l’unique délire
Par tes traits exercé,