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LA FONTAINE D’APOLLON
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Dieu splendide et secret, de toutes mes épreuves
Le suprême soutien,
Par qui j’ai dessillé la source où tu m’abreuves
Au flot castalien !

Puissé-je, encore un soir, si l’été magnifique,
Sous ton calme berceau,
Exhale par ta grotte un murmure delphique,
Ouïr un chant si beau,

Ou plutôt voir de près, sur la nappe où s’incline
Quelque aride rocher,
Nos visages unis dans l’onde sibylline,
Aux tempes se toucher !

Mais, pour nourrir en moi tes forces incertaines
Qui demeurent toujours,
Va, je n’ai pas besoin d’emprunter des fontaines
L’image ni le cours,

Si, même dépouillant d’une ombre poursuivie,
Leurs bords céruléens,
Tu me fais, Apollon, goûter dès cette vie,
Mes champs élyséens.

François-Paul Alibert.