— Elle a refusé de se fiancer.
— Eh bien ! elle a raison, cette petite ! s’écria ma tante. Vous avez tout le temps, parbleu…
— Oh ! ma tante, laissons cela, dis-je en tâchant en vain de l’arrêter.
— D’ailleurs cela ne m’étonne pas d’elle ; elle m’a paru toujours plus raisonnable que toi, ta cousine…
Je ne sais ce qui me prit alors ; énervé sans doute par cet interrogatoire, il me sembla soudain que mon cœur crevait ; comme un enfant je laissai rouler mon front sur les genoux de la bonne femme, et, sanglotant :
— Ma tante, non, vous ne comprenez pas, m’écriai-je. Elle ne m’a pas demandé d’attendre…
— Quoi donc ! Elle t’aurait repoussé ? dit-elle avec un ton de commisération très doux, en me relevant le front de la main.
— Non plus… non, pas précisément. — Je secouais la tête tristement.
— As-tu peur qu’elle ne t’aime plus ?
— Oh ! Non ; ce n’est pas cela que je crains.
— Mon pauvre enfant, si tu veux que je te comprenne, il faut t’expliquer un peu plus clairement.
J’étais honteux et désolé de m’être laissé aller à ma faiblesse ; ma tante restait sans doute incapable d’apprécier les raisons de mon incertitude ; mais, si quelque motif précis se cachait derrière le refus d’Alissa, ma tante, en l’interrogeant doucement, m’aiderait peut-être à le découvrir. Elle y vint d’elle-même bientôt :
— Ecoute, reprit-elle : Alissa doit venir demain matin arranger avec moi l’arbre de Noël ; je verrai bien vite de quoi il retourne ; je te le ferai savoir au déjeûner, et tu