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��598 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

toutes les dates, il connaît par cœur toutes les images.

Il voit des paysages étranges.

Des cabanes sont bâties sur des lacs. Des huttes, dont le toit conique fume, sont dressées au milieu de clairières. A ces visions, des mots sonores s'adaptent à merveille : " lacustres ", " aurochs "

Un Gaulois, les jambes serrées dans des bande- lettes que Pas-comme-les-autres a coloriées, du bout de son crayon, en bleu, répète le mot célèbre :

— Je ne crains qu'une chose....

Les Rois Fainéants, mollement étendus sur des coussins, se promènent dans des chariots à roues pleines traînés par des bœufs à longues cornes, si pointues qu'elles semblent aiguisées. Il croit en- tendre grincer les essieux.

Le poing gauche sur la hanche, son fourreau vide lui battant le mollet, Roland, au fond du val de Roncevaux, sonne du cor. Sur les rochers blancs, il y a de grands sapins noirs, tout droits.

Et voici le Moyen Age.

Il rêve.

Il est tantôt le page aux longs cheveux bouclés qui joue d'un instrument bizarre, accoudé à l'étroite fenêtre d'une tour, tantôt, soudainement grandi, le seigneur bardé de fer, une plume blanche au casque, qui, partant pour la Terre-Sainte, se retourne, une dernière fois, vers son doux château.

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