dessus l’autre épaule. Cette main n’avait aucun poids ; elle semblait à mes lèvres pareille au crucifix d’ivoire qu’on me tendait le soir avant que je ne m’endorme. Devant cette petite table à écrire dont une planche se rabattait, elle restait assise comme devant un instrument de musique. “Il y a tant de soleil là-dedans” disait-elle ; et en effet l’intérieur en était extraordinairement brillant, de vieille laque jaune, avec des fleurs peintes, une rouge alternant avec une bleue. Et là où il y en avait trois, celle du milieu toujours était violette, séparant les deux autres. Ces couleurs et le vert des étroites guirlandes horizontales étaient obscurcis autant que le fond était lumineux, sans précisément être clair. Et cela faisait une étrange relation assourdie de tons qui ne révélaient point au dehors leur mutuelle dépendance intime.
Maman amenait les petits tiroirs, qui tous étaient vides.
“Tiens ! des roses !” s’écriait-elle, et elle se penchait un peu vers la douteuse senteur qui ne s’épuisait pas. Elle s’imaginait toujours que, dans quelque casier secret, à la pression d’un ressort caché, quelque chose tout à coup allait se découvrir, à quoi personne n’avait jamais pensé. “Cela va se déclencher tout d’un coup, tu vas voir,” disait-elle gravement et anxieusement en essayant hâtivement tous les tiroirs. Tout ce que réellement elle y avait trouvé de papiers, elle l’avait