faudrait plus que de très peu, et je pourrais, ah ! tout comprendre, acquiescer à tout. Un pas de plus et ma profonde misère serait félicité. Mais ce pas, je ne puis le faire ; je suis tombé et ne puis plus me relever ; parce que je suis brisé. Jusqu’ici j’ai cru que je pourrais voir venir un secours. Voici devant moi, de ma propre écriture, ce qui fut ma prière de chaque soir. Des livres où je l’avais lu j’ai transcrit cela pour l’approcher de moi, pour qu’en l’écrivant il me parût que cela jaillissait de moi-même. Et maintenant je veux le copier encore une fois, ici, devant ma table, à genoux, je veux l’écrire, car ainsi j’en ai pour plus longtemps qu’à le lire, chaque mot prenne de la durée et ait le temps de retentir.
“Mécontent de tous et mécontent de moi, je voudrais bien me racheter et m’enorgueillir un peu dans le silence et la solitude de la nuit. Âmes de ceux que j’ai aimés, âmes de ceux que j’ai chantés, fortifiez-moi, soutenez-moi, éloignez de moi le mensonge et les vapeurs corruptrices du monde ; et vous, Seigneur mon Dieu ! accordez-moi la grâce de produire quelques beaux vers qui me prouvent à moi-même que je ne suis pas le dernier des hommes, que je ne suis pas inférieur à ceux que je méprise.”
“Je suis pour eux un objet de risée…
Ils ruinent mon sentier, et pour augmenter mon affliction ils n’ont besoin du secours de personne…