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680 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

qu'une courte éteule jaune, quelques touffes aussi de pois chiches. Les mimosas isolés projettent sur le sol nu leur ombre précise, comme tracée au pinceau. Au faîte des collines, des villages sont groupés. A cause du courant d'air qui sans cesse balaie l'étendue ouverte, chacune des paillottes qui les composent, est abrité par une haie toufiFue de singulières plantes sans feuilles, ni branches, toutes en tiges courtes et grasses qui, jaillies d'un pied unique, se dédoublent, se multiplient, finissent par élever à six pieds au-dessus de terre un treillis de pousses roides et hérissées.

Les plus belles, les plus nourries, entourent la petite église, où vers dix heures, pour laisser souffler nos bêtes, nous nous arrêtons un moment. Derrière la première clôture de gousses vertes et se mêlant avec elle, des oli- viers, des koussos, des mimosas forment bosquet : par dessus leur masse étagée, on voit passer le toit de chaume pointu et sa petite croix de fer portant, embroché, un oeuf d'autruche, tout blanc, au bout de chacune de ses six branches. Il faut tâtonner quelque temps avant de trouver un passage dans le fouillis des ramures tombantes. Calme délicieux, parfaite tranquillité de l'enceinte gazonnée où la brise ne souffle plus. Des merles métalliques au crou- pion rouge s'ébattent parmi les houpettes blanches des mimosas : on entend les tourterelles roucouler doucement dans le tiède silence. Au milieu de l'enclos, sur un sou- bassement de pierres grossières, s'élève l'église de bois et de torchis, crépie à la chaux et dont une galerie décou- verte fait le tour. D'admirables euphorbes à chandelles, près du petit escalier qui y mène, dressent leurs longs candélabres de bronze vert, tout fleuris de roses jaunes.

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