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Page:NRF 7.djvu/1035

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JULIETTE LA JOLIE IO29

dans les collèges. Nolot avait songé à envoyer son gamin, à l'âge de douze ans, poursuivre ses études soit à Clamecy, soit à Nevers, mais le Paul ne pouvait se faire à l'idée de se voûter le dos sur des livres. Il aimait mieux vivre ici au grand air. Ce serait assez, l'heure sonnée, d'aller à la caserne pour trois ans. Maintenant, il ne s'en fallait plus que de cinq mois : en novembre il partirait en même temps que François, à contre-cœur. Il avait beau parler dans les cafés et devant Juliette d'aventures, de voyages, avec cette ceinture bleue d'explorateur qui ne redoute aucun danger : il souffrait à l'idée d'être séparé de ses habitudes, surtout de Juliette.

Pourtant elle n'était plus la même. Elle s'éloignait de lui de jour en jour davantage. Il fallait qu'elle con- tinuât à le voir comme par le passé quand les deux familles se réunissaient. Mais il semblait qu'elle eût cessé de rire avec les jeunes gens, et qu'elle ne remarquât même plus que les hommes la regardaient. Elle devait rêver, presque toujours perdue dans les nuages,

— Qu'est-ce qu'elle a tous ces temps-ci, Juliette ? avait-il un jour demandé à François.

— Elle ? Ne te tourmente donc pas. Elle est comme ça parce qu'elle n'est pas autrement. Elle ne pense à rien du tout.

François était un brave garçon, pas compliqué. Pour lui toutes les jeunes filles devaient ressembler à Léontine.

Vers quatre heures de l'après-midi les maillets cessè- rent de frapper sur les ciseaux, les ciseaux de mordre à petits coups dans le grain de la pierre. Il était l'heure de casser la croûte. Belin, debout le premier, s'en fut retirer son litre, aux trois quarts vidé, de la source où il était au

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