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Page:NRF 7.djvu/1079

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LE THÉÂTRE I073

de se chercher — ou de se fuir lui-même, et son superbe égotisme sait faire du Taygète ou de l'Acrocorinthe une conquête subtilement intéressée. L'autre va devant lui, sans regard en arrière, sans regard sur lui-même, tout absorbé par son entreprise. Nulle confidence, nulle digression. Il lui suffit de créer des personnages et de beaux conflits.

Lasse d'aventures et de voyages, lasse du désir et des violences des hommes, Hélène vieillie et n'aspirant plus qu'au repos se laisse ramener à Sparte par Ménélas. Mais dans ses attitudes et sur son visage subsiste encore tant de séduction, son nom seul suffit à soulever tant de curiosité et d'enthousiasme, que la meurtrière passion la suit toujours comme un sillage :

Des yeux fixés sur moi tout a coup me convoitent^ La bouche qui m^ approche est brûlante soudain^ La main qne Von me tend est attirante et moite Et Pon dirait que les lèvres du vent ont faim En descendant, le soir, sur ma gorge qii il frôle...

Les injures et le mépris lui seraient un soulagement. Mais non, son peuple pousse des cris de joie et brandit des palmes. En vain la haineuse Electre voudrait lui opposer sa rancune :

Mes yeux, je ne veux pas que vous la regardiez. ! Elle est la mort qui rode et qui revient a sparte Et si personne encor du péril ne s'écarte C'est que nul ne peut voir ce que vous, vous voyez. Je ne veux pas, mes yeux, que vous alliez, vers elle, fe ne veux pas, je ne veux pas, je ne veux pas !

Mais il faut à son tour qu'Electre regarde et qu'elle ploie sous le joug :

Oh ! qu'elle est donc encor majestueuse et belle ! Et que sur nos chemins sont tranquilles ses pas.

Trompeuse allégresse qui n'est que naissante folie et qu'appétit de meurtre. Castor poursuit sa sœur d'un incestueux désir.

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