de ces bons devoirs universels qui façonnent notre docilité. Pour l’essayer, il faut être secrètement choisi.
Il semble que pour être sincère il suffise de se laisser aller, de ne pas s’empêcher de sentir, de céder à sa spontanéité. On cesse d’être sincère au moment où l’on intervient en soi ; si je me travaille, je me déforme. La sincérité c’est l’abandon à moi-même, l’obéissance au cours naturel de mes émotions, une pente aisée, l’accès complaisant à ma facilité intérieure. Elle ne me demande aucun effort ; je l’exercerai comme on se détend.
Pourtant il est plus juste de dire : la sincérité est un perpétuel effort pour créer son âme telle qu’elle est. Rien de plus menteur que le spontané, rien de plus étranger à moi-même. Ce n’est jamais par moi que je commence ; les sentiments où j’entre naturellement ne sont pas miens ; je ne les éprouve pas, j’y tombe d’abord comme en une ornière ; ils m’entraînent parce qu’ils sont commodes et rassurants ; tout le monde déjà les a parcourus ; on sait où ils mènent ; il n’est jamais arrivé malheur à personne avec eux. Ils se présentent tout de suite à mon cœur avec leurs garanties. Je ne songe pas à douter de leur vérité, tellement je leur vois d’avantages ; ils ont juste cette inclinaison qu’il faut pour me placer au niveau d’autrui et d’accord avec ses pensées ; ils sont calculés pour permettre la conversation. Mais, en dépit de ces