agréments, ils ne tiennent pas plus à mon âme que des formules de politesse.
Ce sont mes secondes pensées qui sont les vraies, celles qui m’attendent, celles jusqu’où je ne vais pas. Il n’y a pas que les autres qui pensent en moi ; au plus profond de moi une basse et continuelle méditation, — et dont je ne saurai rien si je ne fais effort pour la connaître : c’est mon âme. Elle est faible et comme idéale ; elle existe à peine ; je la sens comme un monde possible et lointain. Tout homme, même s’il s’accommode d’émotions conventionnelles, est confusément averti de sa profondeur, vaguement occupé d’un soupçon secret. Il y a un arrière-goût d’insuffisance en tout ce qu’il éprouve ; il comprend qu’il pourrait être plus authentique qu’il n’est, que d’autres parties plus cachées, plus étonnantes de lui-même pourraient être intéressées par l’événement. Mais il ne sait comment se saisir de cette réalité qu’il contient ; car elle ne l’invite ni ne l’appelle ; et bientôt il perd jusqu’au désir de la trouver.
Comme mon âme me dédaigne en effet ! Elle ne tient pas à vivre, elle ne me fera pas un signe. Tous mes sentiments, encore virtuels, pourtant déjà plus vrais que moi, me regardent avec ironie et semblent dire : « Oseras-tu nous connaître ? » Ils sont clos et muets ; non point vagues ; mais leur terrible précision sommeille ; elle est encore