Page:NRF 7.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DANIEL DE FOE 143

ses senteurs ! Tu n'as pas vécu libre sous le ciel de Dieu !

Maintenant, je sais quel a été ton lot terrestre, de Foë.

Tes yeux, tes beaux yeux clairs de la couleur des eaux si limpides de cette Ecosse que tu aimas tant, tes yeux ont versé bien des larmes. Tu as bien pleuré, tu as bien souffert. La prison, le pilori, la misère, l'ingratitude des rois et des hommes, voilà quelle a été ta part, mon vieux Robin Cruso! Les larrons et les prostituées, les ruffians et les soldats ivres, tels sont les compagnons auxquels on te mêla, tels sont tes confidents, tels sont tes amis ! Le capitaine Singleton, Duncan Campbell, lady Roxana et MoU Flanders, voilà les gens que tu as vus, tandis que tu étais dans Newgate, sous Sa Majesté la reine Anne.

Les hoquets des ivrognes, les baisers des voleuses et des condamnés à mort, les injures des gueux, la chanson des guichetiers, les appels des malades et les râles des mourants se mêlaient, se confon- daient, grondaient, tandis que tu étais captif, autour de ton cachot ; et c'était comme quand la Tamise, toute couverte de brouillard et de fumée, monte en battant les quais de Londres ! Den wild zee ! la mer sauvage des Hollandais, que connut Ro- binson, la mer déchaînée, bouillonnante d'écume, n'est rien au prix de cela, Daniel ! Mais, toi qui avais le cerveau rayonnant et le génie visionnaire,

�� �