influence. C’est pourquoi elle me séduit si fortement : j’aime les vertus actives, tendues, celles qu’on ne peut laisser un instant à elles-mêmes sans qu’aussitôt elles bronchent ; celles qui sont toujours prêtes à se changer aux vices qu’elles côtoient ; celles qui exercent le plus intelligent de mon courage ; non pas celles qui me conservent, mais celles qui me dépensent.
De la sincérité d’abord je dois craindre qu’elle ne m’ôte toute foi à mes sentiments. Elle entre en moi comme une lumière habile à tourner tous les obstacles ; elle débrouille si bien toutes mes ombres que je vois trop parfaitement mes pensées. Sous chacune il y a une lueur ; déjà quelqu’un en moi sait d’où elle vient et ce qu’elle veut, et la regarde averti : ce double mystérieux, plus instruit de moi que moi-même, on ne le trompe pas ; si profond que je sente, il m’a déjà prévenu ; il n’ignore pas où je veux en venir ; il m’épie toujours d’un peu plus loin qu’où je puis atteindre. Il ne me faut plus espérer de ces émotions lourdes qui montaient de moi-même, inconnues, et toutes chargées d’étonnements, et bonnes à découvrir ; plus de ces sentiments bien aveugles, bien bas dans l’âme, bien confondus avec elle, bien proches de ses assises. Il ne m’est plus possible de souffrir à