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194 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

t'eût donné rendez-vous dans l'une de ces nom- breuses maisons de bois oij, sur de vieux métiers, des tisseurs de Flandre, émigrés là depuis long- temps, tissent des draps plus beaux et plus fins cent fois que tous ceux que tu avais vendus à Cripplegate ! Et, dans ce bruit claquant des métiers, dans ce chant des courroies et des roues, tout ce mouvement qui montait des habitations, qui emplissait la ville, tu te souvenais soudain que, toi aussi, tu avais été marchand, que, jadis, à Smithfield, sous le roi Guillaume, tu avais porté le riche étendard corporatif des bonnetiers, merciers et drapiers de Londres. Ah ! que cela était loin ! Dieu du ciel, qu'il y avait des années ! Saurais-tu seulement, aujourd'hui encore, mesurer une pièce à l'aune ? Cela était peu probable. Tu étais si peu un bonnetier à présent, de FoC ! Tu avais, depuis^ coudoyé des gens si étranges, tu avais été mêlé à des événements si imprévus !

Encore que tu fusses surpris de ces bruits, de ces appels, de ce va-et-vient des ateliers, des chantiers et des comptoirs qui réveillaient tant de souvenirs dans ton idée, tu fus autrement étonné de la vue du port où il y a tellement de mâts et de cordages que cela fait ressembler la rade à une forêt épaisse. Et cette odeur du goudron, ce vent de marée, ce grincement des poulies, ces clameurs des timoniers et des calfats, tout cela emplissait l'air au point que le chant des tisserands, le bruit

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