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Page:NRF 7.djvu/22

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l6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

avec une minutie passionnée la découverte ; il consent à ses détails les plus comiques en même temps qu'à ses bassesses ; il subit tous ses calculs ; il se fait avec l'un mesquin et tatillon, comme avec un autre tout à l'heure il s'était fait magnanime. Jamais il n'esquive rien de lui-même. — Pourtant je ne puis l'aimer sans gêne ; quelque chose en lui retient mon élan ; il m'apparaît déformé par l'exer- cice même de cette sincérité que j'admire en lui. Je le vois peu à peu saisi par l'isolement ; peu à peu il perd communication avec les événements ; il est si préoccupé de ne rien omettre de ce qu'ils lui font ressentir, qu'il omet d'y participer ; il ne prend d'eux que le psychologique ; ils deviennent pour lui des prétextes abstraits et indifférents ; il ne leur demande que de déclencher son âme. 11 n'est pas embauché par eux, il ne travaille pas à leur besogne ; il ne connaît pas cette aise profonde de s'employer, cet oubli merveilleux que l'on goûte à être quelqu'un par quoi quelque chose de bien matériel et de bien bête est accompli. Vie stérile, et de plus en plus triste à mesure qu'elle s'avance ! Et quels événements après tout finit-il par mériter? Conversations de salon, amitiés légères (il juge ses amis !), spectacles, intrigues d'un soir. De l'amour, où il excelle, il ignore la fidélité qui est une chose dure, pesante, interminable, mais réelle comme le travail des champs. Quelles aventures dans ce monde où le voici réduit ? Il ne lui en arrive plus

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