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��CHRONIQUES

LES POÈMES

Considérations générales

Nous assumons ici une tâche bien délicate. Il ne s'agit pas pour nous de rendre compte de tous les volumes de vers, mais de discerner parmi eux lesquels sont susceptibles d'ajouter, fût-ce un atome précieux, au trésor de la poésie... Or, aussi nombreux, encombrants, se poussent à l'étalage des libraires les ouvrages en vers, autant la poésie nous semble s'obstiner à demeurer discrète et rare.

Il ne sied pas que notre siècle s'en afflige : elle fut rare dans tous les temps, plus rare en certains temps qu'en celui-ci, peut-être. Elle ne connut jamais l'abondance qu'aux époques sans autre tradition qu'orale, où la culture, pour franchir l'épaisseur des âges, se trouvait tenue de s'y condenser ; oili la langue encore en travail cherchait dans les œuvres de ses poètes l'exemple de la forme la plus accomplie...

Du jour où elle cessa d'être utile, et pour mieux dire utilitaire, elle se porta à l'autre pôle des soucis de l'esprit humain et devint entre tous les genres le plus gratuit et le plus solitaire, le plus parcimonieux et le plus nécessairement indivi- duel. Dans son emploi premier, la grande presse l'a remplacée.

Mais du moins gardait-elle de son origine — et là est le nœud du problème — son double caractère inné de spon- tanéité inventive et de perfection formelle. Elle persistait à naître de ces deux contraires ; elle continuait à exiger de soi

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