NOTES 297
fois, à leurs débuts et même au cours de leur carrière, les initiateurs de ce mouvement. Mais ce que lui doit notre littérature, je pourrais le résumer, je crois, en quelques lignes. Ce serait l'horreur du lieu-commun, psjxhologique et verbal, et, comme dérivés, la suppression des scènes à effet et le retour à ce " style classique, fidèle messager " de la pensée tout entière, dont parle Tristan Bernard dans sa dédicace des Mémoires d'un Jeune Homme Rangé. C'est un bilan sommaire, mais défi- nitif, puisque de ce mouvement nous pouvons non seulement apprécier l'essentiel mais encore toucher du doigt les résultats. Si une partie de ceux de la génération qui a entre vingt-huit et trente-cinq ans reviennent à l'écriture nette et bannissent de leurs livres, en même temps que les sèches analyses, les cris romantiques et les descriptions naturalistes, ils le doivent un peu à l'influence, acceptée ou subie, de ces œuvres. Je sais qu'à cette évolution il y a d'autres causes, mais celle-ci est, sinon une des plus profondes, du moins une des plus incon- testables.
Les personnages de Tristan Bernard, nous les connaissons par leurs nuances fuyantes. Ecoutons-le parler de ceux èH Amants et Voleurs, et, par amplification, de tous ceux, ou peu s'en faut, qu'il a créés :
— Ces amants débiles ne sont pas du modèle généralement adopté; je crois cependant qiiil en existe sur la terre un certain nombre de cette faible trempe. Quant a ces voleurs, la plupart manquent évidem- ment d'énergie; ils se comportent à peu près comme se fût comporté l'auteur si les circonstances de sa vie l'eussent dirigé vers la carrière du crime. C'est le plus souvent le hasard qui incline ces jeunes hommes au courage ou à la lâcheté, qui les pousse vers l'héroïsme ou vers l'infamie.
On pourrait dire,sans trop exagérer,que tout Tristan Bernard est dans ces quelques lignes, même en ces quelques mots : la carrière du crime, le hasard.
Le crime est une carrière comme une autre pour lui qui
�� �