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31 8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

nationale ! // s'agissait d'un traitement de vingt-cinq mille francs. Je ne crois pas qu'il soit très nécessaire de commenter longue- ment cette histoire ; les commentaires les plus modérés ne seraient pas assez flatteurs pour nous.

Alphonse Legros, alors, ce caustique, cet intraitable, ce mor- dant, qui avait souvent flétri de ses sarcasmes l'atroce misère elle-même, mais qui était, au fond, un homme de la plus déli- cate et de la plus ravissante sensibilité, fit à son tour ceci : Il demanda la naturalisation, ne pouvant pas traiter autrement que comme une patrie le pays qui avait ainsi honoré son talent. Puis, il se voua pendant vingt ans à sa tâche de professeur, avec un dévouement, une ardeur, une foi, une chaleur de cœur que nul ne peut savoir, sauf ses élèves ; mais que, du moins, l'Angleterre apprécia. Il professa, non par la parole — car il ne voulut jamais apprendre l'anglais (je trouve ce trait admirable, et les Anglais l'admirèrent et le comprirent à merveille) — mais par l'action. Dans les villes où il faisait des conférences muettes, il exécutait, à profusion, des études peintes, des por- traits, des dessins admirables, qu'il laissait là, en témoignage de reconnaissance et d'enseignement permanent. Il se faisait com- prendre de l'auditoire le plus grave et le plus attentif, mieux que par des phrases, et il aura, avec une originalité profonde, démontré que le dessin est un langage intégral, qui s'apprend, se manifeste, s'esquisse, sans le secours des mots. "

(De M. Arsène Alexandre dans Comadia.)

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��Les revues nous ont rarement proposé autant d'articles inté- ressants que ce mois-ci. Faute de place, nous devons nous contenter de citer :

dans la Grande Revue, un admirable Baudelaire d'André Suarès,

dans la Revue Bleue, une étude ferme, solide et sévère de M. Lucien Maury sur Maurice Maeterlinck,

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