LE LOISIR DE CAGLIARI 327
Tout cela, c'est, comme l'on dit lorsque l'on veut revivre les minutes surannées d'une vie contemporaine de mademoiselle Aïssé, une tur- querie. Et ce sont les Italiens qui nous l'ont donnée, comme toujours habiles à la mascarade, mais mascarade un peu forcée, encore que moins colorée — tant mieux, affirmeront les uns en leur sagesse, tant pis, regretteront les autres, aventu- riers — qu'aux temps où les pirates de la Médi- terranée, mauritaniens, numides, arabes, turcs, grecs (l'énumération, je l'ai prise au Dictionnaire philosophique de Voltaire) infestaient la mer "comme des vautours qui attendent une proie ".
Pour moi, si j'étais là-bas — me faudrait-il tant d'effort d'imagination pour m'y croire ? — je me divertirais de la quasi-captivité que. Carthaginois à Cagliari, je serais forcé de subir, en me souve- nant qu'aux siècles derniers quelques hommes, célèbres depuis, furent victimes des forbans mari- times, et que l'un d'eux s'est inspiré de sa mésa- venture pour écrire un très agréable petit roman. Aujourd'hui plus que jamais, j'aimerai la Provençale de Regnard.
C'est un joli récit, assez oublié. On est si féru de théâtre en France qu'on ne traite guère Regnard que d'auteur dramatique. Après l'éblouissement du miracle molieresque, voilà le premier écrivain qui soit parvenu à imposer ses pièces à une suc- cession de publics non encore tarie. Cela vaut la
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