LE RAIL 3^
— Nom de Dieu ! Ils n'ont pas encore enlevé leurs 8 wagons !
Drahé, ouvrant de nouveau son volet, recornait 5. Le train 129 s'annonçait. Fermant selon son habitude le signal 22, l'aiguilleur manœuvrait les leviers 17, 14, ii et se tenait les deux mains sur le 21, prêt à le rabattre à l'évacuation des lames de l'aiguille ^ par le fourgon.
Il s'impatientait à l'obligation imminente d'écrire au rapport :
" Arrêt du 129 au signal 22 " et pensait ainsi : " 20 sous de retenue de prime. Ce n'est pas moi qui écoperais de ça ! "
On entendait grandir le sifflet du rapide qui engagea la courbe à pleine pression de sa Compound. Tous les manœuvriers, les deux bras levés, jetaient face au train le signal d'arrêt. L'aiguille 21", en pointe sur voie de service, retournée, la vitesse de cette masse pouvait continuer sur l'espace libre. L'enclenchement l'empêchait. Etabli contre la faillibilité des hommes, il inutilisait leur initiative ; le calcul, réalisé en fer, donnait^a direction de la catastrophe et l'impuissance de rien changer dominait tout. Une tempête d'épouvante passait sur l'âme des manœuvriers. M. Legendre, magnifique en son agilité de professeur gymnaste bondissait au devant du rapide, les bras hauts, la bouche actire à crier. Les 8 v/agons enfin enlevés au côté Nord, le 4922 avança lentement. L'espoir frais souffla. Le fourgon de queue dégageait la pointe**. Drahé, ses dix doigts pâlis, crispés au levier humide de sa sueur soudaine, le renversait à se casser les reins. Trop tard. L'aiguille manœuvrée sous la locomotive l'envoyait hors des rails. Le craquement du matériel désaligné, dansant
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