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LE RAIL 35

"Le rapide boit une tasse. Ça coûtera 20 sous à Legendre d'encombrer nos voies de réception, "

Mais le bruit du choc régna sur toute la plaine et les manœuvriers virent passer des fuyards au galop sur la voie de service qu'ils suivirent 3 kilomètres jusqu'à la gare aux voyageurs. Le surveillant Doucet augura :

— Il y a un coup de chien.

L'agilité imprévue de M. Qualin au souffle court cer- tifia le bouleversement du service. L'aiguilleur de la cabine III sortit crier :

— Le 129 dans le sable. Il y a des morts !

Le mécanicien de la machine Sud répétait les trois coups du signal d'alarme ; cette cadence de polka régula- risait le pas gymnastique des employés de la P. V., des secrétaires du chef ballotant la civière qui rendait trois mois de poussière et des pointeurs Nord chargés de la boîte de secours. M. Bernard ordonnait à Ledur et Doucet, ses deux meilleurs hommes, de ne pas quitter leur chantier :

— S'il y a obstruction au Sud, les mouvements vont devenir critiques. Attendons les ordres.

Cette résistance à la curiosité aidait son goût de la moindre fatigue. Monté à la cabine III il siffla d'ébahisse- ment tranquille à voir à 800 mètres le hérissement de débris sur la locomotive fumante.

M. Qualin, parvenu épuisé à la cabine I, tint le silence de Drahé pour un aveu suffisant qu'il accueillit ainsi :

— Vous avez fait un joli coup !

Dans la campagne, les trains commandés par les séma- phores s'immobilisaient, étendant la paralysie du trafic.

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