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LA FÊTE ARABE 4I7

laiteux au-dessus de la palmeraie, et ce magnifique jardin de rêve et de silence, formé, au bord de l'Oued, de dix à douze petits vergers dont on avait abattu les murailles, et dans lequel la sagesse la plus septentrionale devait, j'en avais fait l'expérience, se dissoudre en rêveries folles, se déchirer, s'anéantir en parfums... Qui n'a lu sur une affiche, dans une station de chemin de fer ou sur les planches d'un chantier, une invitation à partir vers cette blanche cité des sables ? Qui n'a été tenté, par les jours gris d'hiver, de fuir des soucis fastidieux, des journées monotones, pour aller oublier là-bas et apprendre à goûter le prix du repos d'un peu d'ombre et d'un verre d'eau ! Un bateau conviait au départ. Une jeune Arabe à la proue tendait comme une voile ses frêles mousselines qui se gonflaient au vent. La suivre, s'en aller ! Trouver à quelques heures un pays sans brouillards, où le vent froid s'arrête et l'inquiétude aussi. La vie est si rapide, les beaux jours sont comptés... On se dit tout cela, quelque jour, en passant dans une rue maussade; mais est-on bien sincère ? Ces brumes, on les aime ; ces soucis, on y tient, et l'on reste comme la chèvre, capricieuse et docile, à brouter autour du piquet où la vie vous a lié.

C'est ce qui m'arriva. Et pourtant, chaque hiver, je continuais de recevoir de mon ami d'Afrique quelque invitation pressante. " Venez constater de vos yeux, m'écri- vait-il avec sa passion toujours vive, que les rêves que je formais devant vous, il y a longtemps déjà, n'étaient pas de pures chimères. Sans doute, vous ne retrouverez plus la belle solitude d'autrefois, et bien souvent je me redis les vers du poète persan : " Si tu as découvert quelque part dans le mondé un séjour ignoré des hommes et favorisé de la

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