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LA LITTÉRATURE 445

Epigrammes et Invectives, divagations incohérentes ramassées par un éditeur pratique dans les mégots du café François !"■ ? Quelle lumière cette lanterne sale du pauvre poète peut-elle jeter sur la Bonne Chanson et sur Sagesse. Je ne fais pas le même reproche à M. Barre quand il expose, de façon assez intelligente et précise (c'est la meilleure partie de son livre) les idées de M. Ghil et de M. Kahn sur la réforme poétique. Mais, en somme, il eût vu beaucoup plus clair dans tout cela s'il eût renversé l'ordre de son exposition, étudié d'abord les œuvres de chaque poète, puis, à titre d'indication, les doctrines que le poète a cru imaginer, ou qu'il a empruntées à quelque source extérieure, lorsqu'il s'est mis à réfléchir sur le sens de son œuvre. C'est à cette place que l'on situerait par exemple, chez Corneille ou Victor Hugo, les Discours sur le poème dramatique^ ou William Shakespeare.

La troisième partie du livre est consacrée aux Maîtres du Symbolisme, qui sont, d'après M. Barre, Verlaine, Mallarmé et Moréas.

Le chapitre sur Verlaine est occupé en grande partie par des considérations sur son esthétique (nous savons ce qu'il en faut penser) et sur sa conception de l'amour, qui est des plus banales. Son évolution poétique, des Poèmes Saturniens jusqu'à l'instru- ment faussé et à la voix disloquée de ses derniers recueils, eût pourtant fourni matière à une étude intéressante. Verlaine était déjà fourbu quand le symbolisme l'adopta et le tira de l'obscu- rité. Il fallait signaler les poèmes, généralement mauvais, où il essaie naïvement de se plier aux modes de l'école qui recon- naissait en lui son père : c'est ainsi que le Chateaubriand des Mémoires d^ Outre-Tombe imitait de près les procédés roman- tiques, et soignait après coup sa paternité.

Il y a dans l'étude sur Mallarmé un essai louable pour péné- trer, avec Mockel et Mauclair pour guides, l'esthétique du poète. Mais que d'erreurs ! Le Démon de r Analogie donne lieu à une explication d'abord psychologique : faute de la voir,

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