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��LES ROMANS

��Mademoiselle de Jessïttcourt et P Invasion ' sont des livres sérieux, volontaires, conçus avec probité, patiemment ordonnés, soigneu- sement écrits. Par leur ampleur, par l'application, le talent et l'habileté dont ils témoignent, ils nous forcent à l'estime, et même au respect. Pourtant ils intéressent peu. Je les ai lus de bonne foi. Je leur ai prêté toute mon attention. Ils ne m'ont pas récompensé par cette émotion particulière, ni simplement par ce plaisir, dont il faut qu'un livre m'ait saisi pour que je l'aime, fût-il très imparfait, du reste.

Et je sens bien que je vais être injuste envers M. Louis Bertrand !... Il faut qu'un critique le soit, ou du moins indiscret, s'il apporte dans ses jugements autre chose qu'une sèche doctrine; s'il n'entend borner sa tâche à froidement enregistrer, dans chaque tentative, le degré de sa " réussite "; si devant un ouvrage il s'enquiert, par delà le résultat visible, de l'opération créatrice elle-même ; si c'est être injuste, enfin, que d'intéresser dans la discussion son humeur et ses goûts, ses préférences, ses espérances, mieux : un certain idéal...

Quelque conception, pourtant, qu'on cherche à dégager d'une somme d'expériences, il convient d'en user prudemment vis-à- vis d'un genre à forme aussi peu fixe que l'est la forme du roman. On parvient encore à saisir, au travers des plus morbides perver- sions, l'essence du dramatique, par exemple. L'essence du ro- manesque est plus fuyante. De Madame de Lafayette à George Sand, de Stendhal â Emile Zola et de J. H. Rosny à J. J. Tha-

' De M. Louis Bertrand.

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