LE RAIL 51
garages. Le bruit des maillets et des burins sur les rivets, dominait le sifflet des trains lents sur la voie unique.
A un feu de débris de bois, les déblayeurs chauffaient du café. M. Dasson trouva cela insupportable :
— J'interdis de détruire un seul vestige du déraillement avant la fin de l'enquête.
Les ouvriers ruèrent les tisons pour les éteindre.
Les voyageurs, moins nombreux en soirée, rattrap- paient un peu leur retard. Le 1 5 1 9 passa à i o** 1 5 avec 2^45. Le 141 2 de 8^07 le croisa à 10^22.
Du fanal avant de la locomotive renversée, un homme retirait un corbeau mort, happé en marche. Il frappa la bête noire contre le ballast :
— C'est c'ti ci qu'a porté malheur.
Le tender, dételé, allégé de tout son charbon se redres- sait centimètre à centimètre sur la poussée des vérins, abloqués du pied sur madriers de hêtre. Les hisseurs d'arrière, plus prompts, gagnaient d'une demi-portée de cric ceux d'avant et durent s'arrêter pour leur laisser rattraper le niveau. Le lent remuement de cette masse de quarante tonnes et du corps de la locomotive tien- drait peut-être la nuit entière.
Les enquêteurs s'installaient au bureau des sous-chefs où l'importun relent de l'iodoforme ne détruisait pas l'odeur malplaisante laissée par la vidange des morts. A M. Legendre appelé premier, M. Drtlze posa une question à sa manière :
— Comment avez-vous fait ce coup-là ? Le sous-chef très rouge, se raidit :
— Moi ? II faudrait le prouver ! L'Inspecteur le doucha :
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