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Page:NRF 7.djvu/59

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LE RAIL 53

éprouvaient plus de peine qu'au travail. Huche demanda :

— Voilà onze heures. On peut s'en aller ? On doit revenir à sept heures du matin. Quand est-ce qu'on dormira ?

Le sous-chef éprouvait l'opinion :

— Vous ferez comme vous voudrez. Moi je ne m'en vais qu'après eux. Ils ne savent pas encore si c'est Drahé qui doit écoper ou le mécanicien...

Drahé cracha sa moustache :

— Avant moi, il y en a d'autres. Si le mécanicien passe les signaux à l'arrêt, j'y peux rien ; et si on fait entrer les trains de marchandises sur des voies occupées, j'y peux rien non plus.

M. Legendre, pâle, jetait le front vers lui :

— Ce qui se passe dans les garages ne vous regarde pas. Si vous aviez fait votre service...

Drahé, debout, venait à une insolence supérieure :

— Je le fais mieux que vous.

Le sous-chef n'osant pas toute l'autorité de son grade, au lieu d'ordres, donna des conseils :

— Ne cherchez pas d'histoires. Vos signaux étaient à l'arrêt. Je leur ai dit qu'ils étaient à l'arrêt. On ne vous reproche rien. Foutez-nous la paix.

Les manoeuvriers regardaient par terre.

De l'autre côté du mur, Prugeois donnait le moins pos- sible de mots. Cette sournoiserie commandée par sa vieille expérience lui réussit. Il partit tranquille et M. Dasson donna son appréciation de ce silencieux à qui il fallait répéter trois fois les choses :

— Abruti !

Puis il manda Drahé et le pria de s'asseoir. M. l'adjoint

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