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LA FÊTE ARABE 607

du Khalife. Le nègre somnolent nous apporta du thé parfumé à la menthe, et après un temps de repos, conduit par le jeune homme à l'aspect monastique — c'était l'instituteur communal — j'allai du côté des jardins à la recherche du Docteur.

Nous l'aperçûmes tout à coup au détour d'une rue. A la vue d'un étranger, il fit le geste de chercher une issue pour le fuir. Mais déjà j'étais devant lui.

— Vous, ici ! s'écria-t-il en me reconnaissant à son tour. Et j'eus le plaisir de voir sa figure s'éclairer. Mais vite le sourire disparut, pour laisser place à la mélancolie qui devait être l'expression coutumière de ce visage.

Je le trouvai vieilli, aminci, desséché, durci par le soleil. Ses yeux avaient toujours la même limpidité bleue, mais on n'y voyait plus cette flamme enthousiaste qui jetait autrefois un tel éclat sur ses paroles. Tandis que nous marchions côte à côte, je lui fis le récit de mon voyage, et comment le désir d'apprendre de sa bouche ce qui s'était passé là-bas m'avait amené jusqu'à lui.

— Je vous raconterai tout cela, me dit-il avec son triste sourire. D'ailleurs, vous apprendrai-je rien que vous n'ayez déjà pressenti ? Ce que vous avez vu de vos yeux ne parle qu'avec trop d'éloquence. Mais nous voici chez notre hôte, l'excellent Si En Naçeur. Ce soir, je vous dirai tout au long les malheurs de Ben Nezouh.

��VI

��Le soir venu, sur la terrasse, le Khalife me fit ce récit :

— Quand je débarquai à Alger pour la première fois,

j'éprouvai une impression que sans doute vous avez eue

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