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Page:NRF 7.djvu/687

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LES POÈMES "8l

aux Fêtes GalanUs de Verlaine et même sa gaminerie nous paraissait sourire à celle de Laforgue... On nous disait avec cela qu'il représentait mieux qu'aucun l'artiste pur, maître de son métier, féru de perfection absolue et nous jugions charmant un si noble souci dans cette âme de Pierrot falot, selon Willette... Nous n'allions pas plus loin...

L'anthologie présente, pieusement et savamment composée, eût-elle défraîchi si fort l'image que nous caressions et n'eus- sions-nous pas retrouvé intacte notre première impression, si M. Charles Morice se fût résigné à nous présenter Banville sans commentaires ? Je n'ose l'affirmer. — M. Morice n'est pas le seul coupable, ni le plus coupable, ni le premier. Même, sa préface conserve une certaine modération dans les termes de la louange. Il n'a fait que céder à cet entraînement qu'on peut nommer réactionnaire et qui pousse un grand nombre de nos contemporains, à adorer à l'excès ce qu'ils ont brûlé, — quitte à brûler au préalable ce qu'ils disaient adorer jusque là ! mais ce n'était qu'un simulacre. Le culte aveugle des formes du passé devait nous amener non seulement au culte de Malherbe (à travers Moréas), culte peu dangereux en somme et qui ne peut manquer de passer vite, mais aussi au culte moins avouable des pseudo-classiques du Parnasse, en particulier de Gautier. Le culte de Banville aura suivi — et Dieu sait si celui-ci eût ri de se voir adorer ! Il n'est plus de trop hautes louanges pour les préverlainiens : Gautier, qui n'en peut mais, devient un Gœthe, " notre Goethe " ; Banville, rien moins qu'un Pindare et ces Parnassiens qu'on déclarait vides d'idées, uniquement préoccupés de couleur, de ciselure et de rimes riches, vont bientôt faire figure de grands penseurs en même temps que de grands lyriques !

En ce qui concernait Banville, nous escomptions la part de l'hyperbole, et nous ne voulions pas prendre garde qu'on nous parlait sérieusement, sans rire, de sa " philosophie " ! Elle serait, selon M. Morice, l'union du paganisme et de l'idée chrétienne.

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