LE RAIL 63
— Dites-nous comment c'est arrivé.
Le mécanicien gênait les enquêteurs par l'insistance de ses yeux éclairés de fièvre. Il parla sans brusquerie :
— J'avais 7 minutes de retard : trois au départ de Paris, trois de ralentissement pour les travaux au kilomètre 229 et une au disque à distance de la gare de Grosbourg. La grande aile du sémaphore a baissé cinq cents mètres avant que nous y arrivions. J'ai repris ma vitesse et aussitôt passé le sémaphore, mon tube niveau éclate. J'en reçois sur la joue. Je tourne mes robinets. Nous arrivions sur le signal de la cabine du triage. Je le vois fermé, je bloque, mais j'ai pas pu retenir.
M. Papegay concluait déjà :
— C'est ça. Alors vous reconnaissez avoir franchi le signal fermé ?
— On le voit à deux cents mètres. J'ai freiné, mais je tirais 295 tonnes.
M. Griaux ne laissa pas le commissaire passer par- dessus sa tête pour interroger un mécanicien :
— Becquaërt, je vous prie de m'écouter.
M. Papegay rougit et versa cet affront dans les élé- ments de conclusion de son rapport.
M. Griaux essayait encore d'atténuer la responsabilité de son service :
— Et le disque avancé ? Etait-il ouvert ou fermé ?
— C'est un disque armé. Mon avertisseur n'a pas sifflé.
— Donc, il était ouvert. L'avez-vous vu ouvert ?
— Nous avons dû passer en face quand le niveau claquait. Je ne sais pas si Herbaut, mon compagnon, l'a vu. Il ne peut plus le dire maintenant. Pendant toute la route, il n'a pas quitté le ringart et il n'arrivait qu'à 13
�� �