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JULIETTE LA JOLIE 80 1

d'herbes variées pendant qu'elle les surveillait en piochant ses pommes de terre, en coupant elle-même son blé à la aucille. Quelquefois aussi les Frébault, l'homme et la femme, partaient sur leur charrette pour des terres qu'ils avaient à deux kilomètres d'ici, ou pour leurs vignes. C'était alors un grand voyage. Ils ne rentraient que très tard, mais les essieux de la charrette ne grinçaient pas trop fort, et ne troublaient point la tranquillité du quartier.

La maison était propre. Même les carreaux de l'une des deux pièces étaient cirés devant le lit et devant l'armoire. Sur la cheminée les bibelots de chaque côté de la pendule ne manquaient pas. Mais on eût cherché en vain aux murs de ces images pieuses, de ces crucifix comme on pouvait en voir dans beaucoup d'autres maisons.

Chez Gallois on n'avait pas de ces idées de religion. Ce n'est pas pour rien que l*on venait d'une ville d'usines où l'on apprend à juger différemment la vie. On parlait librement de toutes choses, et Gallois disait :

— Leurs mariages à l'église ! A quoi bon ? Et puis, quand on se plaît l'un à l'autre, on ne devrait même pas avoir besoin de passer par la mairie.

Il s'en fallait de beaucoup que Juliette fût une petite bégueule. Elle n'avait pas mis les pieds à l'école des sœurs ; elle était allée chez l'institutrice. Et l'on sait bien dans les petites villes que les filles acquièrent chez celle-ci de moins bons principes que chez celles-là.

Gallois but d'abord un plein verre de vin coupé d'eau. Puis il se mit à manger. N'ayant, Juliette et lui, rien à se Ure de nouveau puisqu'ils vivaient d'une vie commune, il y avait de longs silences pendant lesquels leurs pensées s'en allaient très vite ou demeuraient immobiles.

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