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Page:NRF 7.djvu/808

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802 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

M™* Gallois travaillait plutôt pour se désennuyer que par nécessité. Certainement elle n'aurait pas été jusqu'à prendre une bonne, ni même une femme de ménage. N'étant pas sortie de la cuisse de Jupiter, comme elle le disait, elle avait vu de près la misère, autrefois, lorsque François d'abord, puis Juliette étaient nés. Aussi n'était- elle pas bien éloignée de bénir cet accident qui, tout en permettant à Gallois de se beaucoup moins fatiguer, leur avait à tous les quatre assuré l'aisance. Dès les premiers froids elle faisait laver son linge. D'un bout à l'autre de l'année c'étaient la viande de boucherie et la charcuterie qui défilaient sur la table. Souvent le Jeudi elle revenait du marché avec une paire de poulets. Les tonneaux de vin dans la cave se succédaient. Il y avait bien, par ci par là, chez quelques commerçants, de petites notes en retard: l'essentiel était que la vie fût douce.

Juliette ne pouvait plus tenir en place. L'après-midi devenait presque douloureuse d'énervement. Elle rêvait d'être étendue dans un pré couvert d'une herbe épaisse et haute et que traverse un ruisseau. Tout près est un petit bois entouré d'une haie, peuplé de geais. La chaleur entrait dans la maison. L'été pesait de tout son poids sur la ville. Gallois ne se sentait pas le courage de sortir bêcher un carré de son jardin. A cause du bras qui lui manquait, il n'avançait pas aussi vite en besogne qu'un homme com- plet,mais les jours de bonne humeur il en abattait tout de même sa part. Pour ce qu'il ne pouvait finir lui-même, il ne regardait pas à prendre un homme à la journée. Il resta près de la table à fumer sa pipe.

Vers quatre heures on entendit quelqu'un siffler dans la rue. Ce n'était presque qu'un gamin. Du moins parais-

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