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JULIETTE LA JOLIE 803

sait-il tout jeunet, coiffé d'un petit chapeau de paille, sans ombre de moustache. Juliette venait de sortir sur le pas de la porte comme si elle eût étouffé dans la maison. C'était le fils Frébault, clerc de notaire, qui traversait son propre quartier pour aller sonner à la grille du receveur de l'enregistrement. Quand il vit Juliette, il s*arrêta net de siffler. Ce n'était peut-être pas très-habile, mais ce fut plus fort que lui. On devina qu'il aurait voulu s'arrêter aussi de marcher, mais, sans doute à un signe des yeux qu'elle lui fit, il continua son chemin. Elle rentra. Gallois fumait toujours sa pipe.

Ensuite " la vieille, " comme il appelait sa femme bien qu'elle eût tout juste dépassé la quarantaine, rentra du lavoir. Elle dit :

— Eh bien, vieux singe, je m'aperçois que toi non plus tu ne te fatigues pas trop pour le moment ?

Elle portait son linge sur l'épaule gauche. Elle alla l'étendre sur les fils de fer et sur les cordes dans le jardin.

I>e soleil n'était pas près de se coucher. Cependant il venait de disparaître derrière les toits des maisons voisines. Il fallut, pour que l'ombre ne s'épaissît pas trop, que Juliette ouvrît tout grands les volets et la porte. C'est en été l'heure la plus lourde peut-être. On ne jouit plus de la somnolence de l'après-midi. La lumière qui entre brusquement fait mal aux yeux ; il se passera deux heures encore avant que les premières ombres et les premiers souffles du crépuscule n'entrent dans les maisons.

A son tour Gallois sortit sur le pas de la porte. M""* Durand la marchande de chapeaux passa, son panier à la main. Elle était coiffée d'un vieux chapeau de paille, noir, orné d'un petit ruban rouge, qu'elle portait depuis

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