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JULIETTE LA JOLIE 821

sera vraiment vieux, on ne nous laissera tout de même pas crever de faim dans la rue, comme des chiens, peut- être ? Tenez, madame, prenez donc un verre de vin.

Ailleurs, portes et volets fermés, on sentait en passant des odeurs de bonne cuisine. Là comme chez Gallois on se réunissait autour des tables, les hommes en bras de chemise, les femmes avec leurs tabliers, les gamins avec des serviettes nouées jusqu'au menton : ainsi l'on allait pouvoir manger à pleine bouche sans craindre de se salir. Le repas fini, on ne se contentait pas du café : il fallait le pousse-café. Les enfants avaient leur canard. Les hommes n'avaient pas besoin de sucre. Bien des femmes non plus.

Gallois s'habilla vite pour sortir avec la bourgeoise, sa fille et son fils, toute la sainte famille, comme il disait. Juliette se dépêcha de mettre son chapeau. Elle fut prête la première.

��IV

��Les vêpres sonnaient ; personne pour ainsi dire ne répondait à l'appel des cloches. Elles sonnaient parce que c'était leur devoir, mais elles voyaient bien, du haut du clocher, qu'il faisait trop clair pour que l'on vînt s'enfer- mer dans l'église devant des cierges allumés : le soleil était plus beau. Seuls les enfants de choeur, parce que c'était, eux aussi, leur devoir, se hâtaient à la dernière minute, et quelques saintes âmes, vieilles filles que n'atti- rait plus du tout la vie du dehors, deux ou trois jeunes dames qui depuis longtemps déjà pensaient à leur salut. Sur les routes, dans les chemins qui conduisent à des

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