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Page:NRF 7.djvu/869

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LA LITTÉRATURE 863

Morte, il sut " s'amuser " (la Muse est là dedans, eût dit Victor Hugo), au moins autant que M. Schliemann.

Son pèlerinage grec conduit M. Barrés vers une Sparte pro- fesseur d'énergie, à laquelle Athènes professeur de culture cède le pas, et, par delà, vers une Sparte maîtresse de volupté et de rêverie, celle d'Hélène, l'Hélène du Second Faust, à qui la for- teresse de Mistra fait aujourd'hui sur la plaine de Sparte sa demeure authentique. Une Sparte composite et précieuse, pareille à ce Glaucus marin encombré de coquillages, qui sortit de la mer pour déclarer l'avenir aux deux amants en route vers Troie, une Sparte qui ressemble comme une sœur alternée d'Orient à la Tolède de Greco. Les Francs ou le Secret de Sparte, eût écrit peut-être, du château des Villehardoin et du belvédère de Mistra, Maurice Barrés. Un Grec (puis un Français) à Tolède, des barons francs (puis un prince de l'art français) à Sparte, lui fournissent l'excitation nécessaire pour goûter un pays... Le secret de mon plaisir à Tolède et à Sparte, c'est que je m'y trouve intéressant, — et le voilà, le pèlerinage roman- tique.

De là une géographie sentimentale, qui toute était déjà dans Un Homme Libre (et ce qu'il a ajouté depuis à son œuvre n'a fait qu'amplifier son architecture de début, qu'entourer de chapelles point inattendues les trois nefs du Culte du Moi. Pas de veau gras ! disait-il lui-même aux critiques qui se réjouis- saient de voir dans Les Déracinés un retour de l'enfant prodigue). Le chapitre sur la Lorraine et le chapitre sur Venise s'y balancent et s'y complètent. Il semble que ce soient là la maison de viUe et la maison du large, pour un sensitif qui sait construire sa vie, et que l'amour d'une terre natale, le goût d'une auberge de rois, l'un l'autre s'aiguillonnent par le contraste. C'est vrai, un peu... Cependant lisez mieux ces pages : il aime la Lorraine du même fond dont il aime Venise, l'une parce qu'elle est pauvre, " sans éclat, " mais nerveuse et fine et riche de délicates puis- sances et toute bérénicienne déjà, l'autre parce qu'elle accumule

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