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LA LITTÉRATURE 869

pas repensé à l'espagnole tout le catholicisme, et le catholicisme pense à la catholique bien des choses espagnoles. Et le catho- licisme avec toute religion rentre dans un genre commun que ceux-là qui en sont restés à Taine oublient trop. Mais j'oublie moi-même que chercher ce genre commun ce serait aller contre la raison du voyage, contre la loi d'un genre. On voyage parce qu'on est sensible à ce qui diffère, et d'une terre nouvelle on veut tirer comme explication, avec tout ce qu'elle comporte, un peu de ce qu'elle ne comporte pas.

J'insisterais bien davantage sur ces chicanes si j'écrivais, comme M. Henri Massis, sur la Pensée de Maurice Barrés ; mais alors je ne demanderais pas mes documents à Grao. Je ne demanderais à un tel livre que ce qu'il nous donne, une poésie, et de ces intuitions géniales qui trouvent moyen de dépasser la pensée discursive, non seulement quand elles la méconnaissent, mais quand elles la contrefont. Ainsi, lisez :

" Comme je les aime, ces oeuvres mystérieuses des grands artistes devenus vieillards, le Second Faust de Goethe, la Vie de Rancé de Chateaubriand et le bruissement des derniers vers d'Hugo, quand ils viennent du large s'épandre sur la grève. Pressés de s'exprimer, dédaigneux de s'expliquer, contractant leurs moyens d'expression comme ils ont resserré leur paraphe, ils arrivent au poids, à la concision des énigmes et des épitaphes. Leurs sens demi-usés les laissent-ils à l'écart, en marge de l'univers ? Ils nous semblent détachés de tous les dehors, soli- taires au milieu de leurs expériences qu'ils transforment en sagesse lyrique. Et le chef-d'œuvre du Greco selon mon cœur, la fleur de sa vie surnaturelle, c'est justement le dernier tableau qu'il a peint, sa PentecoU que l'on voit au musée de Madrid. " (Page 154).

Si vous rappelez avec précision ces œuvres dans votre esprit, (ces derniers vers d'Hugo sont, je pense, la Pitié Suprême, VAne, et certaines pièces posthumes mal datées) vous direz : Mais c'est le contraire ! Le dessin de ces vieillards s'alourdit.

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