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LETTRES A FANNY BRAWNE 965

propre semaine où je vous connus, je vous écrivis pour me dire votre vassal ; mais je brûlai la lettre la seconde fois où je vous vis, ayant cru remarquer ce jour là que je vous inspirais de l'antipathie. Si jamais vous éprouvez à première vue pour un homme ce que j'ai éprouvé pour vous, je suis perdu. Pourtant, si jamais cette chose devait arri- ver, je ne vous chercherais pas querelle, mais je me haïrais ! — Seulement, j'éclaterais, si la cause de cet événement n'était pas aussi bien en homme que vous êtes en femme. Peut-être suis-je trop véhément ? Alors, imaginez que je suis à vos genoux, surtout quand je fais allusion à un passage de votre lettre qui m'a blessé : vous dites en parlant de M"^ Severn : " mais vous devez vous réjouir en apprenant que je vous admirais bien plus que votre ami ... " Mon cher amour, je n'ai jamais cru qu'il y eût et qu'il pût y avoir en moi quoique ce soit, digne d'admiration — aussi loin surtout que sont les apparences. — Je ne puis être admiré, je ne suis pas fait pour être admiré. Vous l'êtes — et je vous aime ; tout ce que je puis vous offrir est une admiration éperdue pour votre beauté.

J'ai, parmi les hommes, la même place qu'ont, parmi les femmes, certaines brunettes au nez retroussé, aux sourcils rejoints ensemble au milieu du tront. Les femmes sont pour moi quantité négligeable; à moins que j'en rencontre une qui

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