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Page:NRF 7.djvu/998

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992 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Il chercha Juh'ette en se faufilant parmi les groupes. On avait beau allumer les torches une à une, la lune avait beau monter dans le ciel : il ne faisait pas très clair, surtout sous les arbres dont la route est bordée à partir du lavoir. Il regardait les gens pour ainsi dire sous le nez, mais délicatement. Il n'avait pas perdu de sa confiance. Puis quelqu'un — lieutenant des pompiers ou chef de la fanfare, — cria :

— En avant, marche !

Les deux clairons sonnèrent. Les deux tambours bat- tirent. La retraite aux flambeaux commença.

La foule, encadrant et suivant les musiciens et les porteurs de torches, s'ébranla. Le pauvre Louis, tantôt marchait sur le flanc de la colonne, tantôt pénétrait au milieu d'un groupe qu'il n'avait pas encore " reconnu ", son chapeau de paille enfoncé sur les yeux pour qu'on le vît le moins possible. Il n'av^ait pas aperçu Juliette, mais il ne doutait point d'elle : elle lui avait promis de venir, elle viendrait. Même elle devait être là. C'était lui qui ne savait pas la trouver. Cougny qui, le chapeau en arriére sur la nuque — ah ! il ne tenait pas à se cacher, lui ! — faisait le jeune homme et marchait au milieu de gamines et de femmes qu'il pinçait un peu partout, au hasard, l'aperçut ; mais il ne l'appela point " la coterie ".

— Hé ! Calotin, lui dit-il, t'es donc pas à l'église avec ta mère r Veux-tu bien t'en aller d'ici ! Tu vas te damner !

Il rougit violemment, mais ne s'éloigna que de quelques pas. Cougny avait grand tort.

— S'il savait, pensait le pauvre Louis, ce qu'il m'en coûte le Dimanche de passer avec ma mère devant la

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